En petite exclu, voici les conseils de Julie Laveine, talentueuse jeune Photographe qui nous a fait le plaisir d'accepter notre requête...
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Elle nous fait également le plaisir de faire partie du jury officiel pour le concours Umbrella Girl 2009 organisé actuellement par le forum.
Toutes les photos inclues sont la propriété de Julie et fournies à titre d'illustration des exemples pris - tous droits réservésJulie Laveine
Passionnée depuis toujours par la moto car née de parents motards, il m’est apparu comme une évidence que le moyen de mêler ma passion et mon métier était la photographie. Lorsque j’étais plus jeune et que je regardais les grands prix moto, je rêvais secrètement d’être à la place des photographes dont seul le téléobjectif les séparait des plus grands pilotes.
J’ai donc entrepris des études de photographie à Bruxelles.
J’ai développé mon regard sur différents aspects de la photographie, que ce soit argentique ou numérique. J’ai étudié le travail de multiples photographes, je me suis interessée de plus près à la photographie de reportage ainsi qu’à la photographie artistique.
Un stage de trois mois à l’agence Magnum de Paris m’a permis de compléter mon enseignement et de rencontrer les grands noms de la photographie tels que Raymond Depardon, Josef Koudelka, Martine Frank, etc…
Aujourd’hui, mes études terminées, mon but est d’arriver à me faire un nom dans le monde de la photographie et partir aux quatres coins du monde pour réaliser des reportages, et bien sûr pouvoir accéder aux plus grands circuits moto du monde. Je ne veux pas être cataloguée comme photographe moto uniquement, car le photoreportage et la photo artistique occupent une grande place dans ma vie. Je me considère plus comme une photographe polyvalente. J’espère ainsi, réussir à vivre de mes nombreuses passions.
Par mon expérience, je vais essayer de manière synthétique de vous donner quelques trucs et astuces en matière de “photographie moto”.
J’essayerai au maximum de ne pas utiliser de termes techniques incompréhensibles car le but n’est pas de montrer mes connaissances mais bien de vous aider dans vos prises de vues. Il ne sera pas toujours possible de faire l’impasse sur ces termes. Dans ce cas je les expliquerai en détail afin de ne pas transformer mes explications en cours universitaire ennuyeux et où il est nécessaire de relire trois fois la même phrase pour comprendre quelque chose.
A cette fin, je tenterai dans un premier temps d’expliquer la manière optimale d’utiliser son appareil photo.
J’aborderai ensuite une partie que j’intitulerai “l’oeil” et qui se rapportera plus au cadrage et à la façon de gérer ce que l’on voit dans le viseur.
J’illustrerai toutes mes explications avec des photographies que j’ai moi-même prises afin de rendre plus concrètes mes explications.
Julie et sa moto
Quelques astuces pour faire ressortir le sujet, du reste de la photoGérer la profondeur de champ :La profondeur de champ correspond à la zone de netteté présente sur l’image.
Si toute l’image est nette, on parlera de grande profondeur de champ. A l’inverse, si le sujet est net et que l’arrière plan ne l’est pas, on parlera de faible profondeur de champ.
Et comment fait-on varier la profondeur de champ?
La profondeur de champ dépend de trois paramètres :
l’ouverture du diaphragme
la focale utilisée
la distance de mise au point
1° Le diaphragme de l’appareil permet de contrôler la quantité de lumière qui rentre dans l’appareil.
Le plus petit chiffre que l’on retrouve le plus souvent sur la bague de diaph. (5,6 ou 4,3 voir plus petit selon les objectifs) correspond à la position la plus ouverte du diaph. alors que le chiffre le plus élevé (16 ou peut-être 22) correspond à la position la plus fermée du diaph.
Astuce : Il est parfois perturbant que le plus petit chiffre soit la plus grande ouverture. alors que le chiffre le plus élevé soit la plus petite ouverture. Il suffit de retenir qu’en réalité il s’agit de fraction, une ouverture de 5,6 correspondant à 1/5,6 et une ouverture de 16 correspondant à 1/16. Tout s’explique.
Concernant le diaphragme, il faudra retenir que plus il est ouvert (petit chiffre), plus la profondeur de champ sera petite.
2° La focale s’exprime en milimètres. Il en existe trois types:
Courte focale (24 mm et moins): ce type de focale est utilisée pour le paysage car comme son nom l’indique, son “champ de vision” est beaucoup plus large
Focale normale (50mm): correspond plus ou moins à ce qu’on voit à l’oeil nu.
Longue focale (100mm et plus): permet de prendre en photo un objet plus ou moins loin.
Concernant la focale, il faudra retenir que plus elle est longue, plus la profondeur de champ sera petite.
3° La distance de mise au point correspond à la distance entre l’objectif et le sujet (sur lequel on fait la mise au point).
Plus cette distance sera petite plus la profondeur de champ sera petite.
En conclusion : Une grande ouverture de diaph., une longue focale et une petite distance de mise au point me permettra d’obtenir une petite profondeur de champ.
Mais à quoi cela sert-il de travailler avec une petite profondeur de champ?
Tout simplement à faire ressortir le sujet de l’arrière plan. Le fait que seul le sujet soit net permettra de le mettre en valeur et d’effacer à l’arrière plan des détails parasites qui attirent l’oeil comme une personne habillée avec des vêtements très colorés ou un panneau de limitation de vitesse pas très esthétique.
Gerer la vitesse d’obturation :La vitesse d’obturation correspond au temps pendant lequel la lumière va pouvoir atteindre le capteur de l’appareil. De 30 secondes (ou plus) à 1/8000 de seconde.
Comment avoir une photo bien nette?Il existe une règle qui permet de savoir quelle vitesse utiliser en fonction de la focale utilisée lorsque l’on photographie à main nue (sans pied).
. v=1/d (v : vitesse en seconde, d : distance focale en mm)
Donc pour une focale de 200mm ma vitesse devra être au minimum de 1/200 de seconde. Une vitesse plus rapide fonctionnera parfaitement aussi par contre une vitesse inférieur provoquera un risque de photo floue.
Pourquoi ma vitesse change-t-elle en fonction de la focale que j’utilise?Car plus la focale utilisée est grande plus la longueur de mon objectif augmente et plus je perds en stabilité. S’ajoute à cela le poids du matériel.
Comment puis-je faire ressortir mon sujet de l’arrière plan grâce à la vitesse d’obturation?Il existe une technique très utilisée en photo sportive. Il s’agit de la technique du “filé”.
Cette technique permet de recréer l'impression de vitesse d'un sujet en déplacement. Le but de cette technique est que le sujet soit net et que le fond soit flou en formant des lignes parallèles dans le sens de déplacement du sujet.
Afin que le sujet qui se déplace soit net, je dois choisir une vitesse d’obturation rapide . Par contre le fond doit être flou donc j’ai besoin d’une vitesse lente. Et oui c’est pas facile tout ça…
Alors, comment faire?Il faut effectivement choisir une vitesse lente (pas trop quand même) et déplacer l'appareil latéralement pour que le fond soit flou. Et pour que le sujet soit net il faut suivre exactement son mouvement dans le viseur, tout en déclenchant. Le plus dur dans l’histoire c’est de ne pas bouger l’appareil verticalement au risque d’avoir des zigzags en arrière plan au lieu de jolies lignes parallèles.
Astuce : Toujours repérer à l’avance l’endroit où passera le sujet et ou l’on compte prendre la photo. Toujours garder les pieds et les jambes fixes (en les écartant légèrement pour plus de stabilité). Commencer à suivre le sujet 10 mètres avant son arrivée au point de déclenchement grâce à un mouvement de bassin et continuer à le suivre un peu après avoir déclenché, toujours en gardant les jambes fixes.
Cette technique demande beaucoup de pratique à la fois pour trouver la vitesse de prise de vue adaptée et acquérir la stabilité et la "fluidité" nécessaires pour obtenir un beau filé.
Une fois que cette technique est bien maîtrisée il est possible de rajouter un effet que je qualifierai de “flou artstique”. Lorsqu’on a acquis la stabilité et la fluidité, il est possible de diminuer très légèrement la vitesse d’obturation afin que le sujet soit lui aussi légèrement filé. Le rendu idéal pour cette technique est que l’avant du sujet soit net et que l’arrière soit filé ce qui amplifie l’impression de mouvement. De plus, vous pouvez amplifier cet effet (voir photo), tant que l’on reconnait le sujet, ce type de flou peut-être très agréable. Contrairement au “flou de bougé” qui est dû à un mouvement trop brusque et qui est rarement esthétique, le flou artistique apporte un plus technique à la photographie.
Les réglages à appliquer à l’appareil photo :Les réglages sont nombreux sur les appareils reflex numériques et il n’y en a pas un en particulier qui est mieux que les autres. Chaque réglage a son utilité en fonction de la situation dans laquelle on se trouve.
Par contre on évite les réglages complètement automatisé tel que la fonction “photo de sport”, qui, pour moi, n’est pas très au point.
Je tiens à préciser que ce qui va suivre est un avis personnel et qu’il n’est pas “LA” solution miracle. Chaque photographe, chaque personne a sa façon de travailler. Le meilleur moyen de trouver sa manière de faire est de tester les réglages jusqu’à obtenir un résultat qui vous convient.
Pour ma part, le réglage “priorité à l’ouverture” est un réglage très utile. C’est un réglage semi-automatique qui permet au photographe de choisir le diaphragme qu’il souhaite utiliser. L'appareil photo, quant à lui, déterminera automatiquement la vitesse appropriée afin d’obtenir une bonne exposition.
C’est un réglage utile, dans le sens où, il permet de sélectionner le diaph qui sera approprié à la profondeur de champ que l’on veut obtenir. De plus, il permet d’être rapide dans le déclenchement, le diaph est choisi à l’avance, la vitesse se règle automatiquement, il n’y a plus qu’à déclencher lorsque la moto passe.
Le réglage “mise au point en continu” s’avère très utile lui aussi dans le cadre de la photographie de moto. Ce réglage permet de suivre le sujet et d’actualiser la mise au point tant que le doigt reste appuyé à mi-position sur le déclencheur. Ce réglage permet d'opérer rapidement quand le sujet est en mouvement.
Concernant la sensibilité à utiliser (ISO), j’essaye toujours de travailler avec des sensibilités assez faible, dans la mesure du possible bien sur (100 à 400 ISO). La sensibilité va de 100 à 3200 ISO pour certains appareils. Utiliser la sensibilité maximum provoque un résultat désastreux. A partir d’une certaine sensibilité on constate une apparition du bruit. Le bruit correspond au grain en photographie argentique. La difference est que le grain argentique était esthétique et que le bruit se traduit par des petits points de couleurs très désagréables à la lecture de l’image.
En fonction de l’appareil photo avec lequel on travail, le “seuil” à ne pas dépasser diffère. Encore une fois, à vous de tester jusqu’où le bruit est supportable pour vous.
La technique c’est bien mais il n’y a pas que ça dans la vie… Pour moi, avoir un matériel au top de l’avancée technologique ne veut pas dire grand-chose. Vous pouvez travailler avec le viel appareil photo de votre grand-père et faire de magnifiques photos (ça sent le vécu!).
Une chose très importante en photo, outre la technique, c’est l’oeil. Arriver à voir quel endroit, à quel moment la photo rendra le mieux. Et puis je sais que chez les motards c’est inné, on sait a quelle endroit du virage le type va mettre le genou par terre et donc à quel moment ça va être le plus impressionant.
En plus de savoir où se mettre exactement pour prendre la photo, la façon de cadrer peut tout changer. Voici quelques exemples:
Le “bien cadré” : qui fait ressortir la maitrise de l’appareil et du photographe, donne l’impression d’une photo propre et cadrée au millimètre.
Le “décadré” : qui donne du caractère à la photo et qui change un peu de tout ce qu’on a l’habitude de voir. En moto, le décadré peut donner un effet de vitesse, comme si la moto arrivait à toute allure dans le cadre. Cet effet peut apporter un plus à la photo.
A ne pas confondre avec un “j’ai complètement foiré mon cadrage et j’ai coupé un bout de ce pauvre motard” (comme ci dessous).
Le décadré ne veut pas forcément dire qu’un morceau de la moto doit être coupé, il peut s’agir d’un cadre un peu plus large qui laisse apparaitre un peu plus de paysage et où la moto est décentrée (voir ci dessous).
Ou pourquoi pas les deux en même temps, la moto est décentrée et coupée :
Le cadrage “débullé”: qui consiste à mettre son appareil à mi chemin entre la photo horizontale et la photo verticale. Cette technique est très utilisée en photo de moto car elle permet d’amplifier l’angle que va prendre le motard dans un virage.
On remarque ce type de cadrage à la route qui, en temps normal, est plus ou moins horizontale.
En règle générale, lorsque l’on cadre une image on essaye de faire attention à ce qu’il se passe à l’arrière plan, lorsque c’est possible bien sûr. On évite donc les choses tape à l’oeil, ou bien qu’un pilone électrique situé à l’arrière plan donne l’impression de sortir de la tête du motard, etc…
Ne jamais avoir peur de se lâcher et de mettre son appareil dans tous les sens, cadrages en plongé ou en contreplongé, photos horizontales ou verticales,…
Voilà, je pense être au bout de mes explications, j’ai abordé les thèmes les plus importants en ce qui concerne la photographie moto.
J’espère avoir été assez claire et j’espère que mes explications vous aideront à réaliser de superbes prises de vues.
Julie.
Un grand merci donc à Julie d'avoir pris le temps de nous rédiger tout ces petits conseils et d'avoir fournie les photos qui vont avec pour illustrer ses propos.